Les différents types de Systèmes
d’Information dans le secteur de la santé
De la recherche à la mise sur le marché, le développement d’un médicament dure en moyenne de 10 à 15 ans. De nombreux systèmes d’information supportent les procédés mis en œuvre, des essais cliniques à la pharmacovigilance, en passant par la production, le contrôle qualité et les affaires réglementaires. Parmi ces systèmes, se trouvent des CTMS (Clinical Trial Management Systems), des ERP (Enterprise Resource Planning), des WMS (Warehouse Management Systems), des MES (Manufacturing Execution Systems), des SCADA (Supervisory Control and Data Acquisition), des LIMS (Laboratory Information Management Systems), des CDS (Chromatography Data Systems), ou encore des GED (Gestion Électronique des Documents). Voici un panorama des types d’applications courantes dans l’industrie des sciences de la vie et des risques associés à leur utilisation.
CDMS, CTMS et Gestion des Essais Cliniques
Deux catégories d’application sont disponibles pour conduire les essais cliniques. Les CDMS collectent les données, ils sont accessibles aux professionnels de la santé mais s’ouvrent de plus en plus à la saisie par les patients. La planification, le suivi et la documentation des essais sont assurés par d’autres systèmes, les CTMS (Clinical Trail Management system). Ils centralisent et traitent les données cliniques tout en garantissant la traçabilité, la confidentialité et la disponibilité des données.
Des incidents peuvent être dus à des erreurs ou des falsifications lors de la saisie et l’analyse des données cliniques. Des enregistrements incomplets ou imprécis compliquent les audits et la validation des essais. Et une cyberattaque de type ransomware sur les données de santé peut entraîner des conséquences sur l’existence même de l’entreprise et sur la qualité des produits. L’implication directe des patients, qui utilisent parfois leur téléphone ou PC personnel pour saisir leur données (c’est la tendance Bring Your Own Device) augmente encore la vulnérabilité des systèmes.
En effet, tout problème survenu lors de de cette phase de la conception spécifique aux produits de santé peut compromettre la validité des essais et porter atteinte à la sécurité des patients.
ERP et Gestion de sites
Un ERP (Enterprise Resource Planning), ou Progiciel de Gestion Intégré (PGI), est un système d’information centralisé qui permet de gérer et d’intégrer les processus métiers tels que la planification et gestion de la production, des achats et des ventes, la gestion des stocks et des statuts qualité des produits et la gestion financière. Il assure une vision globale et en temps réel des opérations.
Par son importance à la fois sur les aspects financiers et sur les aspects « qualité Produit », l’ERP est « le » système d’information critique de l’entreprise et présente de nombreux risques. L’intégration de l’ERP avec les autres systèmes de l’entreprise peut poser des défis techniques, notamment en matière de transmissions des données et de validation des interfaces. Toute modification liée à des mises à jour ou des ajouts de nouveaux modules fonctionnels doit être maitrisée et validée pour éviter des impacts sur l’intégrité des données, la libération des produits et la conformité réglementaire
WMS et Logistique / Approvisionnement
Pour gérer les stocks et les flux logistiques, le WMS (WareHouse Management System ) est le système spécifique à la gestion des entrepôts, privilégié par les plateformes logistiques et les fabricants de médicaments ou de dispositifs médicaux. Ces derniers peuvent aussi gérer la logistique dans leur ERP, via des modules embarqués ou interfacés.
La logistique joue un rôle important dans la disponibilité des produits de santé. Une panne ou un dysfonctionnement des systèmes peut retarder la livraison des médicaments ou des dispositifs médicaux. Une utilisation inappropriée ou un paramétrage incorrect concernant les produits thermosensibles ou les produits dangereux met en danger le personnel de l’entreprise comme les patients. Un défaut de mise en place et d’interface peut entrainer des erreurs de stocks et des problèmes de traçabilité d’expédition.
MES et Production
Les lignes de production sont automatisées grâce aux MES (Manufacturing Exécution System). Ces systèmes de gestion de production supervisent et optimisent les opérations en temps réel. Entre autres fonctions, ils intègrent la gestion des recettes, le suivi des lots et la documentation électronique. Les processus de fabrication sont complexes ; les MES sont interconnectés avec les systèmes de contrôles en temps réel et à l’ERP pour les ordres de fabrication, la gestion des flux et des stocks.
Du fait de cette interconnexion, une défaillance dans un système peut affecter l’ensemble de la chaine de production. Et une configuration inadéquate ou une erreur dans les recettes peut entrainer la non-conformité de lots. Les processus complexes et distribués sur plusieurs systèmes doivent être l’objet d’une attention particulière.
SCADA et Surveillance et contrôle des environnements critiques
Pour produire, l’usine a besoin d’eau purifiée et d’eau pour injection, d’air comprimé, de gaz, de vapeur pure, d’énergie…Les équipements qui gèrent ces ressources sont appelées utilités ou utilities. Les SCADA (Supervisory Control and Data Acquisition) permettent de les surveiller, de contrôler et documenter leur paramètres critiques. Ils collectent des données en temps réel, déclenchent des alertes en cas de déviation et permettent aux opérateurs de prendre des décisions. D’autres systèmes de supervision et de contrôle industriel peuvent être utilisés, mais les risques liés restent identiques.
La défaillance des capteurs ou des alertes peut entrainer des écarts non détectés et donc affecter la qualité des produits. L’interprétation erronée d’un signal par un membre du personnel peut aggraver les problèmes. Et parce qu’ils jouent un rôle central dans les infrastructures critiques, les SCADA sont une cible de choix pour les cybercriminels.
LIMS et Laboratoire Analytique
Les laboratoires réalisent des tests qui garantissent que les matières premières ou produits finis médicamenteux ou dispositifs médicaux respectent leurs spécifications ou pour définir une caractéristique d’un produit. Les LIMS (Laboratory Information Management System) centralisent la gestion des échantillons et des demandes d’analyse, planifient la réalisation des tests au regard des instruments disponibles, capturent les données et résultats d’analyse et gèrent les éditions de certificats.
Ainsi, le LIMS se trouve être le système pivot d’un laboratoire de contrôle lorsqu’il est intégré à un site industriel, car il se retrouve à l’interface de l’ERP dont il reçoit les demandes et à l’interface des systèmes analytiques de contrôle. Et le LIMS, appelé aussi LIS (Laboratory Information System) dans les laboratoires médicaux, se trouve aussi doté de fonctionnalités de gestion client lorsqu’il est choisi par des laboratoires sous-traitant, avec une activité analytique principale. Il est donc un des systèmes critiques du laboratoire qui doit garantir la fiabilité des informations d’analyse qualité liés aux lots.
Comme pour les ERP, l’intégration du LIMS avec les autres systèmes de l’entreprise peut poser des défis techniques, notamment en matière de transmissions des données et de validation des interfaces, en raison de différences assez marquées entre un système de gestion de pesées, un spectromètre ou encore un CDS à interfacer avec le LIMS. Un défaut de configuration des flux analytiques, ou dans le paramétrage des signatures électroniques peut compromettre la qualité des rapports et entrainer des décisions erronées de libération analytique.
Systèmes analytiques type CDS et Contrôle Qualité
Les plus simples mis à part, tous les instruments d’analyse sont pilotés soit par des logiciels embarqués, soit par des applications installées sur un poste connecté à l’équipement, installation dite « Stand alone » ou encore installées en client-serveur. Ces systèmes analytiques, comme les CDS (Chromatographic Data System) permettent de collecter et de traiter un volume important de données et de générer des résultats sous forme de rapports. Ces derniers peuvent être transférées dans un LIMS, soit manuellement, soit via des interfaces.
L’absence de maintenance régulière ou de vérifications métrologiques peut entrainer une dérive des performances des équipements connectés et compromettre la fiabilité des données générées. Un défaut de paramétrage ou de configuration des droits, et ce sont des modifications non autorisées de paramètres analytiques qui peuvent être réalisés ; entrainant des résultats invalides au regard des spécifications analytiques déposées ou vis-à-vis de l’étude en cours. Et l’absence de traçabilité des modifications apportées aux données acquises et traitées peut compromettre l’intégrité des résultats.
Aussi, même si la plupart de ces systèmes sont dits « COTS » (Commercial off the Shelf), soit des applications standards du marché, ils nécessitent une validation globale, équipement et logiciel de pilotage, pour garantir leur adéquation avec les besoins spécifiques des utilisateurs et leur conformité aux exigences réglementaires.
QMS et Assurance Qualité
Le département d’Assurance Qualité du secteur de la santé a la charge de la supervision de tous les processus industriels de fabrication, de vérification et de commercialisation. Elle doit produire la preuve documentée que toutes ses activités critiques (c’est-à-dire celle qui ont un impact sur le produit) respectent les réglementations en vigueur. A cette fin, les systèmes QMS (Systèmes de Management Qualité) centralisent la documentation électronique et digitalisent les formulaires qualité, comme la gestion des déviations, des CAPA (Corrective Action / Preventive action), des changements, des revues périodiques. Ils peuvent également gérer des événements comme les audits ou les inspections en fournissant des indicateurs.
Une documentation incomplète ou non disponible, pour des documents maitres ou des enregistrements, rend difficile voir impossible la réponse aux demandes lors d’audit ou une inspection réglementaire. La non-résolution des actions correctives et préventives peut entrainer des répétitions d’erreur dans les processus de production ou de contrôle. Et que dire d’un QMS qui serait trop lent ? Ces systèmes doivent être performants pour que ses nombreux utilisateurs répartis dans toute l’entreprise puissent accomplir les tâches documentaires requises de manière efficace.
RIMS et Affaires Réglementaires
Pour obtenir un marquage CE ou l’autorisation de mise sur le marché auprès des autorités compétentes comme l’EMA ou la FDA, les services d’Affaires Réglementaires utilisent des systèmes RIMS (Regulatory Information Management System). Ils permettent de centraliser les dossiers, de suivre le statut et les échéances des soumissions dans les différentes zones géographiques. Ces systèmes fournissent également des services de veille pour le suivi des réglementations nationales et internationales. Notons que l’approbation rapide des produits est un facteur critique pour l’entreprise.
Si les dossiers de soumissions contiennent des erreurs ou si les échéances règlementaires sont incorrectement gérées, c’est l’approbation du produit qui est retardée. Et une veille incomplète peut également entrainer des rejets quand les variations des règlementations locales ne sont pas prises en compte.
Les systèmes de surveillance des produits sur le marché
Une fois que le produit est sur le marché, le système de pharmacovigilance ou de matériovigilance du fabricant doit surveiller et gérer tous les évènements indésirables ou EI, pour les médicaments comme pour les dispositifs médicaux. Les systèmes de surveillance de données permettent de collecter, d’analyser et au besoin de signaler les EI aux autorités de santé. Ils intègrent également des fonctionnalités avancées comme la détection de signaux, la gestion des cas et la génération de rapports périodiques de sécurité (PSUR).
La volumétrie des données à gérer et l’obligation de respecter des délais de mise à disposition des informations auprès des autorités de santé sont des enjeux lors de la mise en place de ces systèmes informatisés et de passerelles informatiques vers des systèmes tiers. Des erreurs dans la réception et l’identification des incidents ainsi que des défauts et retards dans le traitement et la transmission des notifications aux autorités en fonction de leur gravité, compromettent la sécurité des patients. Une erreur dans les PSUR ou les rapports d’incidents peuvent entrainer des sanctions réglementaires.
Comment Efor intervient pour vous aider à anticiper et répondre aux risques liés aux systèmes informatisés
Les systèmes d’information jouent un rôle central dans toutes les étapes du cycle de vie des produits de santé, de la recherche clinique à la surveillance post-market. Comme vu précédemment, les risques liés à leur utilisation doivent être identifiés et analysés au regard des processus supportés et en fonction de l’organisation spécifique de l’entreprise, afin de supporter le choix du système le plus approprié, sa configuration et son utilisation.
Chez EFOR, nous mettons notre savoir-faire et notre expérience à la disposition des acteurs de la santé, tant en assistance à maitrise d’ouvrage, pour aider à définir les besoins et à sélectionner le système ; qu’en assistance opérationnelle dans la conception, la mise en place et la validation des systèmes d’information.
Aussi, nous pouvons intervenir directement auprès d’entreprise concepteur de systèmes d’informations, pour aider dans la compréhension des requis réglementaires et des attentes des clients potentiels, ou auprès des industries réglementées et des hôpitaux ou laboratoires médicaux ; pour supporter la mise en œuvre du système.
Nos experts maîtrisent les exigences réglementaires internationales ainsi que les bonnes pratiques de validation, et peuvent intervenir à chaque étape pour identifier, évaluer et maîtriser les risques spécifiques à vos systèmes
Pour rappel, les textes réglementaires et normatifs applicables à ces systèmes informatisés dans le secteur de la santé sont fonction du/des domaine(s) d’activités concernées et de la zone géographique de distribution du produit de santé. Ainsi s’appliquent entre autres :
- Les Bonnes Pratiques Cliniques* qui visent à protéger les personnes qui prennent part à la recherche et à assurer la fiabilité des résultats des études
- Les Bonnes Pratiques de Fabrication* qui sont orientés sur la maitrise de la qualité du produit tout au long de cycle de vie et des informations associées.
- Les Bonnes Pratiques de Laboratoire qui sont applicables aux installations qui réalisent des essais de sécurité non cliniques sur des produits chimiques.
- Les Bonnes pratiques de Distribution qui visent à garantir la sécurité de l’approvisionnement des produits à chaque étape de la chaine logistique.
- Le nouveau règlement Européen UE 2017/745
- L’ISO 13 485 Dispositifs Médicaux – Management de la qualité
- Le 21 CFR part 11 en transverse pour les enregistrements et signatures électroniques pour la réglementation US
Glossaire
- CAPA: Corrective and Preventive Actions (actions correctives et préventives).
- CDMS: Clinical Data Management Systems (systèmes de gestion des données cliniques).
- CTMS: Clinical Trial Management Systems (systèmes de gestion des essais cliniques).
- DSS: Drug Safety Systems (systèmes de pharmacovigilance).
- ERP: Enterprise Resource Planning (progiciel de gestion intégré).
- HPLC: High-Performance Liquid Chromatography (chromatographie liquide haute performance).
- LIMS: Laboratory Information Management System (système de gestion des informations de laboratoire).
- MES: Manufacturing Execution System (système de gestion de la production).
- PSUR: Periodic Safety Update Report (rapport périodique actualisé de sécurité).
- QMS: Quality Management System (système de gestion de la qualité).
- SCADA: Supervisory Control and Data Acquisition (système de contrôle et d’acquisition de données).
- WMS: Warehouse Management System (système de gestion des entrepôts).